Ses titres percutants, parfois mystérieux, en rendait la lecture encore plus
excitante. Quelques exemples tirés des numéros de 1994 :
- Act like nothing's wrong : Winston Smith creates subversive cut-and-paste cultural commentary.
- Meet the extropians : There's nothing like this movement - nothing this wild and extravagant - since way back in those bygone ages when people believed in things like progress, knowledge, and - let's all shout it out, now - Growth !
- Prophet of privacy : He took cryptography out of the hands of the spooks and made privacy possible in the digital age - by inventing the most revolutionary concept in encryption since the Renaissance.
- Gang of war in cyberspace : An anonymous member of the Legion of Doom calls a member of the Masters of Deception a "nigger" - and in the loose-knit hacker underground, nothing is the same again.
On le voit à l'évocation de ces quelques titres, Wired, c'est du sérieux, du
lourd, on fait la révolution à chaque page, hors de question de vous expliquer
comment gérer sa messagerie dans Outlook (qui n'existait d'ailleurs pas à
l'époque). Pour les camarades graphistes, Wired était également un régal, du
fait d'une maquette relativement avant-gardiste. Les nouvelles du Réseau
provenaient des Etats-Unis, via un détour par quelques kiosques parisiens (le
fait de ne pas le trouver aisément renforçait évidemment son attrait). Des
sujets ambitieux servis par un Anglais peu orthodoxe : tout cela
concourrait à créer dans nos têtes de petits Français une bouillie branchouille
pas toujours très exploitable. Libertaire-liberal (à la fois selon les
acceptions anglo-saxonnes et françaises), Wired a préparé la voie aux start-up
et a permis d'asseoir l'idée de New Frontier du business ; les esprits se
sont ainsi échauffés, de destruction de l'ancien monde entrepreneurial en
abolition de la hiérarchie, en passant par la victoire de l'immatériel sur le
matériel. Jusqu'à ce qu'une certaine Bulle vienne lancer un grand sceau d'eau à
la tête des business-angels déchaînés.
Actuel aurait pu être le Wired français, Libé a tenté de débroussailler le
chemin par chez nous, en lançant le premier cahier hebdomadaire dédié. Certains
magazines se sont lancés dans le sillange du branché US, pour quelques mois
malheureusement : UniversInteractif, Transfert, Futur(e)s...
Aujourd'hui que le Net a conquis la planète, les nouvelles du Réseau ne
proviennent plus des Etats-Unis. Je ne lis plus Wired.
L'article
Wikipedia sur Wired
Wired : Vente et restructuration (les Chroniques de Cyberie, mai
1998)